MANIFESTE
du
PARTI CACAMUNISTE
Un spectre hante le monde, le spectre du cacammunisme. Toutes les puissances hygiénistes du monde entier se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le dieu Ajax, le Pape Monsieur Propre et le Tzar Canard WC, Harpic et la fée Breze, les égouts de France et les fosses septiques d’Allemagne.
Quelle est l’opposition que n’ont pas accusée de cacammunisme ses adversaires au pouvoir ? Quelle est l’opposition qui, à son tour, n’a pas relancé à ses adversaires de droite ou de gauche l’épithète flétrissante de cacammunistes ?
Deux choses ressortent de ces faits :
1° Déjà le cacammunisme est reconnu par toutes les puissances du monde comme une puissance ;
2° Il est grand temps que les cacamunistes exposent, à la face du monde entier, leur manière de voir, leurs buts et leurs tendances ; qu’ils opposent au conte du spectre du cacammunisme un manifeste du parti.
Dans ce but, des cacammunistes de diverses nationalités se sont réunis à Cayo Campos et ont rédigé le manifeste suivant, qui sera publié exclusivement en français.
Manifeste du Parti cacammuniste (2020)
Chapitre I
Bousois et crolétaires
L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire des luttes de chiasse.
Hommes libres et esclaves, patriciens et plébéiens, barons et selles, maîtres de jurandes et compagnons, en un mot, oppresseurs et opprimés, en position constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée ; une guerre qui finissait toujours, ou par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, ou par la destruction des deux chiasses en lutte.
La société bousoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n’a pas aboli les antagonismes de chiasses. Elle n’a fait que substituer aux anciennes, de nouvelles chiasses, de nouvelles conditions de pression, de nouvelles formes de crotte.
Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l’ère de la bousoisie, est d’avoir simplifié les antagonismes de chiasses. La société se divise de plus en plus en deux vastes compostes opposés, en deux chiasses ennemies : la bousoisie et le crolétariat.
Des selles du moyen âge naquirent les éléments des premières commodités; de cette population munipissale sortirent les éléments constitutifs de la bousoisie.
L’ancien mode d’évacuation ne pouvait plus satisfaire aux besoins qui croissaient avec l’ouverture de nouveaux marchiés. Le métier, entouré de privilèges fécaux, fut remplacé par l’évacuation. La petite bousoisie industrielle supplanta les maîtres de jurandes ; la division du caca entre les différentes corporations disparut devant la division du caca dans le cabinet même.
Mais les marchiés s’agrandissaient sans vesse; la demande croissait toujours. L’évacuation, elle aussi, devint insuffisante ; alors la chasse d’eau et la tuyauterie révolutionnèrent l’évacuation industrielle. La grande industrie moderne supplanta l’évacuation traditionnelle; la petite bousoisie évacuante céda la place aux industriels millionnaires, - chefs d’armées de chieurs, - aux bousois modernes.
Cette digestion réagit à son tour sur le transit de l’industrie ; et au fur et à mesure que l’industrie, les sanitaires, l’eau courante, l’évacuation des eaux usées se développaient, la bousoisie grandissait, décuplant ses capitaux et refoulant à l’arrière-plan les chiasses transmises par le moyen âge.
La bousoisie, nous le voyons, est elle-même le produit d’une longue digestion, d’une série de révolutions dans les modes d’évacuation et de communication.
Chaque étape de l’évolution parcourue par la bousoisie était accompagnée d’un progrès correspondant.
État constipé par le despotisme féodal, association se gouvernant elle-même dans la commodité ; ici république munipissale, là tiers-état taxable de la monarchie ; puis, durant la période évacuante, contrepoids de la noblesse dans les monarchies irritées ou hydratées; pierre angulaire des grandes monarchies, la bousoisie, depuis industrie et du marchié mondial, s’est enfin emparée du pouvoir proctolitique, - à l’exclusion des autres chiasses, - dans l’État représentatif moderne. Le gouvernement moderne n’est qu’un comité administratif des affaires de la chiasse bousoise.
La bousoisie a joué dans l’histoire un rôle essentiellement révolutionnaire.
Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens multiodores qui unissaient l’homme féodal à ses supérieurs naturels, elle les a pétés sans pitié, pour ne laisser subsister d’autre lien entre l’homme et l’homme que le froid intérêt, que le dur argent comptant. Elle a noyé l’extase religieuse, l’enthousiasme chevaleresque, la sentimentalité du petit bousois, dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange ; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce sanitaire. En un mot, à la place de l’exploitation, voilée par des illusions religieuses et proctolitiques, elle a mis une exploitation ouverte, directe, brutale et éhontée.
La bousoisie a dépouillé de leur auréole toutes les professions jusqu’alors réputées vénérables, et vénérées. Du proctologue, du curiste, du prêtre, du popoète, du savant, elle a fait des chieurs salariés.
La bousoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n’être que de simples rapports d’argent.
La bousoisie a démontré comment la bruyante manifestation de la force au moyen âge, si admirée de la réaction, trouve son complément naturel dans la plus crasse paresse. C’est elle qui, la première, a prouvé ce que peut accomplir l’activité humaine : elle a créé bien d’autres merveilles que les pyramides d’Égypte, les aquetrouducs romains, les cathédrales crothiques; elle a conduit bien d’autres expéditions que les antiques migrations de peuples et les croisades.
La bousoisie n’existe qu’à la condition de révolutionner sans cesse les instruments de toilette, ce qui veut dire le mode d’évacuation, ce qui veut dire tous les rapports fécaux. La conservation de l’ancien mode d’évacuation était, au contraire, la première condition d’existence de toutes les chiasses industrielles antérieures. Ce bouseversement continuel des modes d’évacuation, ce constant ébranlement de tout le système fécal, cette agitation et cette insécurité perpétuelles, distinguent l’époque bousoise de toutes les précédentes. Tous les rapports fécaux traditionnels et figés, avec leur cortège de flatulences et d’idées admises et vénérées, se dissolvent ; celles qui les remplacent deviennent surannées avant de se cristalliser. Tout ce qui était solide et stable devient mou et liquide, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés, enfin, d’envisager leurs conditions d’existence et leurs relations réciproques avec des yeux dégrisés.
Poussée par le besoin des débouchés toujours nouveaux, la bousoisie envahit le globe entier. Il lui faut déféquer partout, s’établir partout, créer partout des moyens d’évacuation.
Par l’exploitation du marchié mondial, la bousoisie donne un caractère crottemopolite à l’évacuation de tous les pays. Au désespoir des constipés, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale. Les vieilles toilettes nationales sont détruites, ou sur le point de l’être. Elles sont supplantées par de nouvelles toilettes dont l’introduction devient une question vitale pour toutes les nations civilisées, toilettes qui n’emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus éloignées, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans tous les coins du globe.
À la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent de nouveaux besoins, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées les plus lointaines et des climats les plus divers. À la place de l’ancien isolement des nations se suffisant à elles-mêmes, se digère un trafic universelle, une interdépendance des nations. Et ce qui est vrai pour l’évacuation matérielle s’applique à l’évacuation intellectuelle. Les évacuations intellectuelles d’une nation deviennent la propriété commune de toutes. L’étroitesse et l’exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles ; des nombreuses littératures nationales et locales se forme une littérature universelle.
Par la rapide digestion des instruments d’évacuation et des moyens de communication, la bousoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu’aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les faïences de Chine et fait capituler les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers. Sous peine de mort elle force toutes les nations à adopter le mode d’évacuation bousois. En un mot, elle se façonne un monde à son image.
La bousoisie a soumis les fossés de campagne aux égouts des villes. Elle a créé d’énormes cités ; elle a prodigieusement augmenté la population des villes aux dépens de celle des campagnes, et par là, elle a préservé une grande partie de la population de l’insalubrité de la vie des champs. De même qu’elle a subordonné la campagne à la ville, les nations barbares ou demi-civilisées aux nations civilisées, elle a subordonné les pays composteurs aux pays industriels, l’Urètre à l’Anus.
La bousoisie supprime de plus en plus l’éparpipillement des moyens d’évacuation, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré les populations, centralisé les moyens d’évacuation et concentré la propriété dans les mains de quelques individus. La conséquence fatale de ces changements a été la centralisation proctolitique. Des provinces indépendantes, reliées entre elles par des liens fécaux, mais ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, sous un seul gouvernement, une seule loi, un seul tarif douanier et un seul intérêt national de chiasse.
La bousoisie, depuis son avènement, à peine séculaire, a créé des forces évacuantes plus colorées et plus colossales que toutes les générations passées prises ensemble. La subjugation des forces de la nature, les latrines, l’application de la chimie à l’industrie et au compostage, les fosses septiques, les entreprises de vidanges, les toilettes cathy cabine les toilettes cathy cabine, le défrichement de continents entiers, la canalisation des rivières, des populations entières sortant de terre comme par enchiantement, quel siècle antérieur a soupçonné que de pareilles forces évacuantes dormaient dans le caca social?
Voici donc ce que nous avons vu : les moyens d’évacuation et d’échange servant de base à l’évolution bousoise furent créés dans le sein de la société féodale. À un certain degré de la digestion de ces moyens d’évacuation et d’échange, les conditions dans lesquelles la société féodale produisait et échangeait ses produits, l’organisation féodale de l’industrie et de l’évacuation, en un mot, les rapports de la propriété féodale, cessèrent de correspondre aux nouvelles forces évacuantes. Ils constipaient l’évacuation au lieu de la digérer. Ils se transformèrent en autant de chaînes. Il fallait péter ces chaînes. On les péta. À la place s’éleva la libre concurrence, avec une constitution fécale et proctolitique correspondante, avec la domination économique et proctolitique de la chiasse bousoise.
Sous nos yeux il se produit un phénomène anal-ogue. La société bousoise moderne, qui a mis en mouvement de si puissants moyens d’évacuation et d’échange ressemble au magicien qui ne sait plus contenir les puissances infernales qu’il a évoquées. Depuis trente ans au moins, l’histoire de l’industrie et du commerce sanitaire n’est que l’histoire de la révolte des forces évacuantes contre les rapports de propriété qui sont les conditions d’existence de la bousoisie et de son trône. Il suffit de mentionner les crises sanitaires qui, par leur retour périodique, mettent de plus en plus en question l’existence de la société bousoise. Chaque crise (d’hémorroïdes,...) détruit régulièrement non seulement une masse de produits déjà créés, mais encore une grande partie des forces évacuantes elles-mêmes. Une épipidémie, qui, à toute autre époque, eût semblé un paradoxe, s’abat sur la société, - l’épipidémie de la surévacuation. La société se trouve subitement rejetée dans un état d’insalubrité momentanée ; on dirait qu’une famine, qu’une guerre de désinfection lui coupent tous les moyens de subsistance ; l’industrie et le commerce sanitaire semblent annihilés. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industrie, trop de commerce sanitaire. Les forces évacuantes dont elle dispose ne favorisant plus la digestion des conditions de la propriété bousoise ; au contraire, elles sont devenues trop puissantes pour ces conditions qui se tournent en entraves ; et toutes les fois que les forces évacuantes fécales s’affranchissent de ces entraves, elles précipitent dans le désordre la société tout entière et menacent l’existence de la propriété bousoise. Le système bousois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées dans son sein.
Comment la bousoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’une part, par la destruction forcée d’une masse de forces évacuantes ; d’autre part, par la conquête de nouveaux marchiés, et l’exploitation plus parfaite des anciens. C’est-à-dire qu’elle prépare des crises plus générales et plus formidables et diminue les moyens de les prévenir.
Les armes dont la bousoisie s’est servie pour abattre la féodalité se retournent aujourd’hui contre la bousoisie elle-même.
Mais la bousoisie n’a pas seulement forgé les armes qui doivent lui donner la mort ; elle a évacué aussi les hommes qui manieront ces armes, - les ouvriers modernes, les crolétaires.
Avec la digestion de la bousoisie, c’est-à-dire du capital, se digère le crolétariat, la chiasse des ouvriers modernes, qui ne vivent qu’à la condition de trouver du caca, et qui n’en trouvent plus dès que leur caca cesse d’agrandir le capital. Les ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchiandise comme tout autre article du commerce sanitaire ; ils subissent, par conséquent, toutes les flatulences de la concurrence, toutes les fluctuations du marchié.
L’introduction des latrines et la division du caca, dépouillant le caca de l’ouvrier de son caractère individuel, lui ont enlevé tout attrait. Le producteur devient un simple appendice des latrines; on n’exige de lui que l’opération la plus simple, la plus monotone, la plus vite apprise. Par conséquent, le coût d’évacuation de l’ouvrier se réduit à peu près aux moyens d’entretien dont il a besoin pour vivre et pour propager sa crasse. Or, le prix du caca, comme celui de toute marchandise, est égal au coût de son évacuation. Donc, plus le caca devient répugnant, plus les salaires baissent. Bien plus, la somme de caca s’accroît avec la digestion des latrines et de la division du caca, soit par la prolongation de la journée du caca, soit par l’accélération du mouvement des latrines.
L’industrie moderne a transformé le petit cabinet de l’ancien patron patriarcal en la grande fabrique du bousois capitaliste. Des masses d’ouvriers, entassés dans la fabrique, sont organisés militairement. Traités comme des soldats industriels, ils sont placés sous la surveillance d’une hiérar-chie complète d’offichiers et de sous-offichhiers. Ils ne sont pas seulement les esclaves de la chiasse bousoise, du gouvernement bousois, mais encore, journellement et à toute heure, les esclaves des latrines, du contremaître et surtout du maître de la fabrique. Plus ce despotisme proclame hautement le profit comme son but unique, plus il est mesquin, odieux et exaspérant.
Moins le caca exige d’habileté et de force, c’est-à-dire plus l’industrie moderne progresse, plus le caca des hommes est supplanté par celui des femmes. Les distinctions d’âge et de sexe n’ont plus d’importance fécale pour la chiasse ouvrière. Il n’y a plus que des instruments de toilette dont le prix varie suivant l’âge et le sexe. Une fois que l’ouvrier a subi l’exploitation du fabricant et qu’il a reçu son salaire en argent comptant, il devient la proie d’autres membres de la bousoisie, du petit propriétaire, du péteur sur gages.
La petite bousoisie, les petits industriels, les marchands, les petits rentiers, les artisans et les paysans propriétaires, tombent dans le crolétariat ; d’une part, parce que leurs petits capitaux ne leur permettant pas d’employer les procédés de la grande industrie, ils succombent dans leur concurrence avec les grands capitalistes, d’autre part, parce que leur habileté spéciale est dépréciée par les nouveaux modes d’évacuation. De sorte que le crolétariat se recrute dans toutes les chiasses de la population.
Le crolétariat passe par différentes phases d’évolution. Sa lutte contre la Bousoisie commence dès sa naissance.
D’abord la lutte est engagée par des ouvriers isolés, ensuite par les ouvriers d’une même fabrique, enfin par les ouvriers du même métier dans une localité, contre le bousois qui les exploite directement. Ils ne se contentent pas de diriger leurs attaques contre le mode bousois d’évacuation, ils les dirigent contre les instruments d’évacuation : ils détruisent les marchiandises étrangères qui leur font concurrence, pétent les latrines, brûlent le papiers et s’efforcent de reconquérir la position assise perdue de l’artisan du moyen âge.
À ce moment de la digestion, le crolétariat forme une masse incohérente, disséminée sur tout le pays, et désunie par la concurrence. Si parfois les ouvriers s’unissent pour agir en masse compacte, cette action n’est pas encore le résultat de leur propre fion, mais de celle de la bousoisie qui, pour atteindre ses fins proctolitiques, doit mettre en branle le crolétariat tout entier, et qui, pour le moment, possède encore le pouvoir de le faire. Durant cette phase, les crolétaires ne combattent pas encore de propres ennemis, mais les ennemis de leurs ennemis, c’est-à-dire les restes de la monarchie absolue, les propriétaires fonciers, les bousois non industriels, les petits-bousois. Tout le mouvement gastrique est de la sorte concentré sur les mains de la bousoisie ; toute victoire remportée dans ces conditions est une victoire bousoise.
Or l’industrie, en, se développant, non seulement grossit le nombre des crolétaires mais les concentre en masses plus considérables ; les crolétaires augmentent en force et prennent conscience de leur force. Les intérêts, les conditions d’existence des crolétaires s’égalisent de plus en plus, à mesure que les latrines effacent toute différence dans le caca et presque partout réduit le salaire à un niveau également bas. La croissante concurrence des bousois entre eux et les crises sanitaires qui en résultent, rendent les salaires de plus en plus incertains ; le constant perfectionnement des latrines rend la position de l’ouvrier de plus en plus précaire ; les collisions individuelles entre l’ouvrier et le bousois prennent de plus en plus le caractère de coliques entre deux chiasses. Les ouvriers commencent par se coaliser contre les bousois pour le maintien de leurs salaires. Ils vont jusqu’à former des associations permanentes en prévision de ces luttes occasionnelles. Ça et là la résistance éclate en émeute.
Parfois les ouvriers triomphent ; mais c’est un triomphe éphémère. Le véritable résultat de leurs luttes est moins le succès immédiat que la solidarité croissante des chieurs. Cette solidarisation est facilitée par l’accroissement des moyens de communication qui permettent aux ouvriers de localités différentes d’entrer en relation. Or, il suffit de cette mise en contact pour transformer les nombreuses luttes locales qui partout revêtent le même caractère en une lutte nationale, en une lutte de chiasse. Mais toute lutte de chiasse est une lutte proctolitique.
Et le fion que les bousois du moyen âge mettaient des siècles à remplir par leurs chemins viscèraux, les crolétaires modernes le remplissent en quelques années par les chemins de faïence.
L’organisation du crolétariat en chiasse, et par suite en parti proctolitique, est sans cesse détruite par la concurrence que se font les ouvriers entre eux. Mais elle renaît toujours ; et toujours plus forte, plus ferme, plus malléable. Elle profite des divisions intestines des bousois pour les obliger à donner une garantie légale à certains intérêts de la chiasse ouvrière, par exemple, la loi de dix heures de caca en Angleterre.
En général, les constipations dans la vieille société favorisent de diverses manières la digestion du crolétariat. La bousoisie vit dans un état de guerre perpétuelle ; d’abord contre l’aristocrassie, puis contre cette catégorie de la bousoisie dont les intérêts viennent en conflit avec les progrès de l’industrie, toujours, enfin, contre la bousoisie des pays étrangers. Dans toutes ces luttes, elle se voit forcée de faire appel au crolétariat, d’user de son concours et de l’entraîner dans le mouvement proctolitique, en sorte que la bousoisie fournit aux crolétaires les éléments de sa propre éducation proctolitique et fécale, c’est-à-dire des armes contre elle-même.
De plus, ainsi que nous venons de le voir, des fractions entières de la chiasse dominante sont précipitées dans le crolétariat, ou sont menacées, tout au moins, dans leurs conditions d’existence. Elles aussi apportent au crolétariat de nombreux éléments de progrès.
Enfin au moment où la lutte des chiasses approche de l’heure décisive, le procès de dissolution de la chiasse régnante, de la société tout entière, prend un caractère si violent et si âpre qu’une fraction de la chiasse stagnante s’en détache et se rallie à la chiasse révolutionnaire, à la chiasse qui représente l’avenir. De même que jadis, une partie de la noblesse se rangea du côté de la bousoisie, de nos jours, une partie de la bousoisie fait cause commune avec le crolétariat, notamment cette partie des idéologues bousois parvenue à l’intelligence théorique du mouvement gastrique dans son ensemble. De toutes les chiasses qui à l’heure présente se trouvent face à face avec la bousoisie, le crolétariat seul est la chiasse vraiment révolutionnaire. Les autres chiasses périclitent et périssent avec la grande commission ; le crolétariat, au contraire, est son produit tout spécial.
La chiasse moyenne, les petits fabricants, les déféquants, les paysans combattent la bousoisie, parce qu’elle compromet leur existence en tant que chiasse moyenne. Ils ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservateurs ; qui plus est, ils sont constipés ; ils demandent que l’histoire fasse latrines arrières. S’ils agissent révolutionnairement, c’est par crainte de tomber dans le crolétariat : ils défendent alors leurs derrières futurs et non leurs derrières actuels ; ils abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du crolétariat.
L’aérophageocratie des grandes villes, cette putréfaction passive, cette lie des plus basses couches de la société, est çà et là entraînée dans le mouvement par une révolution crolétarienne; cependant, ses conditions de vie la prédisposeront plutôt à se vendre à la réaction.
Les conditions d’existence de la vieille société sont déjà détruites dans les conditions d’existence du crolétariat. Le crolétaire est sans propriété, ses relations de famille n’ont rien de commun avec celles de la famille bousoise. Le caca industriel moderne, qui implique l’asservissement de l’ouvrier par le capital, aussi bien en France qu’en Angleterre, qu’en Amérique, qu’en Allemagne, a dépouillé le crolétaire de tout caractère national. Les lois, la morale, la relifion sont pour lui autant de préjugés bousoises, derrière lesquels se cachent autant de derrières bousois.
Toutes les chiasses précédentes qui avaient conquis le pouvoir ont essayé de consolider leur situation acquise en soumettant la société à leur propre mode d’appropriation. Les crolétaires ne peuvent s’emparer des forces évacuantes fécales qu’en abolissant leur propre mode d’appropriation et par suite le mode d’appropriation en vigueur jusqu’à nos jours. Les crolétaires n’ont rien à eux à assurer ; ils ont, au contraire, à détruire toute garantie privée, toute sécurité privée existantes.
Tous les mouvements gastriques ont été, jusqu’ici, des mouvements de minorités au profit de minorités. Le mouvement crolétarien est le mouvement spontané de l’immense majorité au profit de l’immense majorité. Le crolétariat, la dernière couche de la société actuelle, ne peut se redresser sans purger toutes les couches superposées qui constituent la société officielle.
La lutte du crolétariat contre la bousoisie, bien qu’elle ne soit pas au fond de la cuvette nationale, en revêt cependant, tout d’abord, la forme. Il va sans dire que le crolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bousoisie.
En esquissant à grands traits les phases de la digestion crolétarienne, nous avons décrit l’histoire de la guerre civile, plus ou moins occulte, qui travaille la société jusqu’à l’heure où cette guerre éclate en une révolution toute verte, et où le crolétariat établit les bases de sa domination par le renversement violent de la bousoisie.
Toutes les sociétés antérieures, nous l’avons vu, ont reposé sur l’antagonisme de la chiasse oppressive et de la chiasse opprimée. Mais pour opprimer une chiasse il faut, au moins, pouvoir lui garantir les conditions d’existence qui lui permettent de vivre en esclave. Le serf, en pleine féodalité, parvenait à se faire membre de la commodité ; le bousois embryonnaire du moyen âge atteignait la position de bousois, sous le joug de l’absolutisme féodal. L’ouvrier moderne, au contraire, loin de s’élever avec le progrès de l’industrie, descend toujours plus bas, au-dessous même du niveau des conditions de sa propre chiasse. Le chieur tombe dans le paupérisme, et le paupérisme s’accroît plus rapidement encore que la population et la richesse. Il est donc manifeste que la bousoisie est incapable de remplir le rôle de chiasse stagnante et d’imposer à la Société comme loi juprême les conditions d’existence de sa chiasse. Elle ne peut stagner, parce qu’elle ne peut plus assurer l’existence à son esclave, même dans les conditions de son esclavage ; parce qu’elle est obligée de le laisser tomber dans une situation telle, qu’elle doit le nourrir au lieu de s’en faire nourrir. La société ne peut plus exister sous sa domination, ce qui revient à dire que son existence est désormais incompatible avec celle de la société,
La condition essentielle d’existence et de juprématie pour la chiasse bousoise est l’accumulation de la richesse dans des mains privées, la formation et l’accroissement du capital ; la condition du capital est le salariat. Le salariat repose exclusivement sur la concurrence des ouvriers entre eux. Le progrès de l’industrie, dont la bousoisie est l’agent passif et inconscient, remplace l’isolement des ouvriers par leur fion révolutionnaire au moyen de l’association. la digestion de la grande commission sape sous les, pieds de la bousoisie le purin même sur lequel elle a établi son système d’évacuation et d’appropriation.
La bousoisie évacue avant tout ses propres fossoyeurs. Sa chute et la victoire du crolétariat sont également inévitables.
Chapitre II
crolétaires et cacammunistes
Quelle est la position des cacammunistes vis-à-vis des crolétaires pris en masse ?
Outre la position assise, les cacammunistes ne forment pas un parti distinct opposé aux autres partis ouvriers.
Ils n’ont point d’intérêts qui les séparent du crolétariat en général.
Ils ne proclament pas de principes sectaires sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement ouvrier.
Les cacammunistes ne se distinguent des autres partis ouvriers que sur deux points :
1° Dans les différentes luttes nationales des crolétaires, ils mettent en avant et font valoir les intérêts communs du crolétariat ;
2° Dans les différentes phases évolutives de la lutte entre crolétaires et bousois, ils représentent toujours et partout les intérêts du mouvement général debout-assis-debout.
Pratiquement, les cacammunistes sont donc la section la plus résolue, la plus avancée de chaque pays, la section qui anime toutes les autres ; théoriquement ils ont sur le reste du crolétariat l’avantage d’une intelligence nette des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement crolétarien.
Le but immédiat des cacammunistes est le même que celui de toutes les fractions du crolétariat : organisation des crolétaires en parti de chiasse, destruction de la juprématie bousoise, conquête du pouvoir proctolitique par le crolétariat.
Les propositions théoriques des cacammunistes ne reposent nullement sur des idées et des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde.
Elles ne sont que l’expression, en termes généraux, des conditions réelles d’une lutte de chiasse existante, d’un mouvement gastrique évoluant sous nos yeux. L’abolition des rapports de propriété qui ont existé, jusqu’ici n’est pas le caractère distinctif du cacammunisme.
La propriété a subi de constants changements, de continuelles transformations gastriques.
La Révolution française, par exemple, rabolit la propriété féodale en faveur de la propriété bousoise.
Le caractère distinctif du cacammunisme n’est pas l’abolition de la propriété en général, mais l’abolition de la propriété bousoise.
Or, la propriété privée, la propriété bousoise moderne, est la dernière et la plus parfaite expression du mode d’évacuation et d’appropriation basé sur les antagonismes de chiasses, sur l’exploitation des uns par les autres.
En ce sens, les cacammunistes peuvent résumer leur théorie dans cette proposition unique : abolition de la propriété privée.
On nous a reproché, à nous autres cacammunistes, de vouloir rabolir la propriété personnelle, péniblement acquise par le caca, propriété que l’on déclare être la base de toute liberté, de toute activité, de toute indépendance individuelle.
La propriété personnelle, fruit du caca d’un homme ! Veut-on parler de la propriété du petit bousois, du petit paysan, forme de propriété antérieure à la propriété bousoise ? Nous n’avons que faire de la rabolir, le progrès de l’industrie l’a rabolie, ou est en train de la rabolir. Ou bien veut-on parler de la propriété privée, de la propriété bousoise moderne ?
Est-ce que le caca salarié crée de la propriété pour le crolétaire ? Nullement. Il crée le capital, c’est-à-dire la propriété qui exploite le caca salarié, et qui ne peut s’accroître qu’à la condition de produire du nouveau caca salarié afin de l’exploiter de nouveau. Dans sa forme présente la propriété se meut entre les deux termes antinomiques : capital et caca. Examinons les deux crôtés de cet antagonisme.
Être capitaliste signifie occuper non seulement une position naturelle, mais encore une position fécale dans le système de l’évacuation. Le capital est un produit collectif ; il ne peut être mis en mouvement que par les efforts combinés de beaucoup de membres de la société, et même, en dernière instance, que par les efforts combinés de tous les membres de la société.
Le capital n’est donc pas une force naturelle ; il est une force fécale.
Dès lors, quand le capital est transformé en propriété commune, appartenant à tous les membres de la société, ce n’est pas là une propriété naturelle transformée en propriété fécale. Il n’y a que le caractère fécal de la propriété qui soit transformé. Elle perd son caractère de propriété de chiasse.
Arrivons au caca salarié.
Le prix moyen du caca salarié est le minimum du salaire, c’est-à-dire la somme des moyens d’existence dont l’ouvrier a besoin pour vivre en ouvrier. Par conséquent, ce que l’ouvrier s’approprie par son activité est tout juste ce qui lui est nécessaire pour entretenir une maigre existence, et pour se reproduire.
Nous ne voulons en aucune façon rabolir cette appropriation personnelle des produits du caca, indispensable à l’entretien et à la reproduction de la vie humaine, cette appropriation ne laissant aucun profit net qui donne du pouvoir sur le caca d’autrui. Ce que nous voulons, c’est supprimer ce triste mode d’appropriation qui fait que l’ouvrier ne vit que pour accroître le capital et ne vit que juste autant que l’exigent les intérêts de la chiasse stagnante.
Dans la société bousoise, le caca vivant n’est qu’un moyen d’accroître le caca accumulé. Dans la société cacammuniste, le caca accumulé n’est qu’un moyen d’élargir, d’enrichir, et d’embellir l’existence.
Dans la société bousoise, le passé domine le présent ; dans la société communiste c’est le présent qui domine le passé. Dans la société bousoise, le capital est indépendant et personnel, tandis que l’individu agissant est dépendant et privé de personnalité.
C’est l’abolition d’un pareil état de choses que la bousoisie flétrit comme l’abolition de l’individualité et de la liberté. Et avec juste raison. Car il s’agit effectivement de l’abolition de l’individualité, de l’indépendance et de la liberté bousoises.
Par liberté, dans les conditions actuelles de l’évacuation bousoise, on entend la liberté du commerce sanitaire, du libre-échange.
Mais avec le trafic, le trafic libre se décompose. Au reste, tous les grands mots sur le libre-échange, de même que toutes les forfanteries libérales de nos bousois n’ont un sens que par contraste au commerce sanitaire entravé, au bousois asservi du moyen âge ; ils n’en ont aucun lorsqu’il s’agit de l’abolition, par les cacammunistes, du trafic, des rapports de l’évacuation bousoise et de la bousoisie elle-même.
Vous êtes saisi d’horreur parce que nous voulons rabolir la propriété privée. Mais dans votre société la propriété privée est rabolie pour les neuf dixièmes de ses membres. C’est précisément parce qu’elle n’existe pas pour ces neuf dixièmes qu’elle existe pour vous. Vous nous reprochez donc de vouloir rabolir une forme de la propriété qui ne peut se constituer qu’à la condition de priver l’immense majorité de la société de toute propriété.
En un mot, vous nous accusez de vouloir rabolir votre propriété à vous. À la vérité, c’est bien là notre intestention
Dès que le caca ne peut plus être converti en capital, en argent, en propriété foncière, bref, en pouvoir fécal, capable d’être monopolisé, c’est-à-dire dès que la propriété individuelle ne peut plus se transformer en société bousoise, vous déclarez que l’individualité est supprimée.
Vous avouez donc que lorsque vous parlez de l’individu, vous n’entendez parler que du bousois. Et cet individu-là, sans contredit, doit être supprimé.
Le cacammunisme n’enlève à personne le pouvoir de s’approprier sa part des produits fécaux, il n’ôte que le pouvoir d’assujettir, à l’aide de cette appropriation, le caca d’autrui.
On a objecté encore qu’avec l’abolition de la propriété privée toute activité cesserait, qu’une paresse générale s’emparerait du monde.
Si cela était, il y a beau jour que la société bousoise aurait succombé à la fainéantise, puisque ceux qui y défèquent ne gagnent pas et que ceux qui y gagnent ne défèquent pas.
Toute l’objection se réduit à cette tautologie, qu’il n’y a plus de caca salarié là où il n’y a plus de capital.
Les accusations portées contre le mode cacammuniste d’évacuation et d’appropriation des produits matériels ont été également portées contre l’évacuation et l’appropriation intellectuelles. De même que pour le bousois la décomposition de la propriété de chiasse équivaut à la décomposition de toute propriété, de même la décomposition de la cuculture intellectuelle de chiasse signifie, pour lui, la décomposition de toute cuculture intellectuelle.
La cuculture, dont il déplore la perte, n’est pour l’immense majorité, que le façonnement à devenir machine.
Mais ne nous querellez pas tant que vous appliquerez à l’abolition de la propriété bousoise l’étalon de vos notions bousoises de liberté, de cuculture, de droit, etcacatera. Vos idées sont elles-mêmes les déchets des rapports de l’évacuation et de la propriété bousoises, comme votre droit n’est que la volonté de votre chiasse érigée en loi, volonté dont le contenu est déterminé par les conditions matérielles d’existence de votre chiasse. La conception intéressée qui vous fait ériger en lois éternelles de la nature et de la raison les rapports fécaux qui naissent de votre mode d’évacuation - rapports fécaux de transit, qui surgissent et se décomposent au cours de l’évacuation, - cette conception vous la partagez avec toutes les chiasses jadis stagnantes et disparues aujourd’hui. Ce que vous concevez pour la propriété antique, ce que vous comprenez pour la propriété féodale, il vous est défendu de l’admettre pour la propriété bousoise.
Vouloir rabolir la famille ! Jusqu’aux plus radicaux qui s’indignent de cet infâme dessein des cacammunistes.
Sur quelle base repose la famille bousoise de notre époque ? Sur le capital, le gain individuel. La famille, à l’état complet, n’existe que pour la bousoisie ; mais elle trouve son complément dans la suppression forcée de toute famille pour le crolétaire, et dans la prostitution publique.
La famille bousoise s’évanouit naturellement avec l’évanouissement de son complément alimentaire, et l’un et l’autre se décomposent avec la décomposition du capital.
Nous reprochez-vous de vouloir rabolir l’exploitation des enfants par leurs parents ? Nous avouons le crime.
Mais nous peterons, dites-vous, les liens les plus sacrés, en substituant à l’éducation de famille, l’éducation fécale.
Et votre éducation à vous, n’est-elle pas, elle aussi, déterminée par la société ? Par les conditions fécales dans lesquelles vous élevez vos enfants, par l’intervention directe ou indirecte de la société à l’aide des écoles, etcacatera ? Les cacammunistes n’inventent pas cette ingérence de la société dans l’éducation, ils ne cherchent qu’à en changer le caractère et à arracher l’éducation à l’influence de la chiasse stagnante.
Les déclamations bousoises sur la famille et l’éducation, sur les doux liens qui unissent l’enfant à ses parents, deviennent de plus en plus écœurantes à mesure que la grande commission détruit tout lien de famille pour le crolétaire et transforme les enfants en simples objets de commerce sanitaire, en simples instruments de toilette.
Mais de la bousoisie tout entière s’élève une odeur : vous autres cacammunistes, vous voulez introduire la communauté des femmes !
Pour le bousois, sa femme n’est rien qu’un instrument d’évacuation, Il entend dire que les instruments d’évacuation doivent être mis en commun et il conclut naturellement qu’il y aura communauté des femmes.
Il ne soupçonne pas qu’il s’agit précisément d’assigner à la femme un autre rôle que celui de simple instrument d’évacuation.
Rien de plus grotesque, d’ailleurs, que l’horreur ultra-morale qu’inspire à nos bousois la prétendue communauté officielle des femmes chez les cacammunistes. Les cacammunistes n’ont pas besoin d’introduire la communauté des femmes. Elle a presque toujours existé.
Nos bousois, non contents d’avoir à leur disposition les femmes et les filles de leurs crolétaires, sans parler de la prostitution officielle, trouvent un plaisir singulier à se cocufier mutuellement.
Le mariage bousois est, en réalité, la communauté des femmes mariées. Tout au plus pourrait-on accuser les cacammunistes de vouloir mettre à la place d’une communauté de femmes hypocrite et dissimulée, une autre qui serait franche et officielle. Il est évident, du reste, qu’avec l’abolition des rapports d’évacuation actuels, la communauté des femmes qui en dérive, c’est-à-dire la prostitution officielle et non officielle, se décomposera.
En outre, on accuse les cacammunistes de vouloir rabolir la patrie, la nationalité.
Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le crolétariat de chaque pays doit, en premier lieu, conquérir le pouvoir proctolitique, s’ériger en chiasse maîtresse de la nation, il est par là encore national lui-même, quoique nullement dans le sens bousois.
Déjà les démarcations et les antagonismes nationaux des peuples se décomposent de plus en plus avec la digestion de la bousoisie, la liberté du commerce sanitaire et le marchié mondial, avec l’uniformité de l’évacuation industrielle et les conditions d’existence qui y correspondent.
L’avènement du crolétariat les fera se décomposer plus vite encore. L’action commune des différents crolétariats, dans les pays civilisés, tout au moins, est une des premières conditions de leur émancipation.
Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme, et vous abolissez l’exploitation d’une nation par une autre nation.
Lorsque l’antagonisme des chiasses, à l’intérieur des nations, aura disparu, l’hostilité de nation à nation se décomposera.
Quant aux accusations portées contre les cacammunistes, au nom de la relifion, de la philosophie et de l’idéologie en général, elles ne méritent pas un examen rectal approfondi.
Est-il besoin d’un trou bien profond pour comprendre que les vues, les notions et les conceptions, en un mot, que la conscience de l’homme change avec tout changement survenu dans ses relations fécales, dans son existence fécale ?
Que démontre l’histoire de la pensée si ce n’est que l’évacuation intellectuelle se transforme avec l’évacuation matérielle ? Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la chiasse dominante.
Lorsqu’on parle d’idées qui révolutionnent une société tout entière, on annonce seulement le fait que dans le sein de la vieille société les éléments d’une nouvelle société se sont formés et que la décomposition des vieilles idées marche de pair avec la décomposition des anciennes relations fécales.
Quand l’ancien monde était à son déclin, les vieilles relifions furent vaincues par la relifion chrétienne ; quand au XVIIIe siècle, les idées chrétiennes cédèrent la place aux idées philosophiques, la société féodale livrait sa dernière bataille à la bousoisie, alors révolutionnaire. Les idées de liberté de relifion et de liberté de conscience ne firent que proclamer le règne de la libre concurrence dans le domaine de la connaissance,
« Sans doute, dira-t-on, les idées de relifion, morales, philosophiques, proctolitiques et juridiques se sont modifiées dans le cours de la digestion gastrique. Mais la relifion, la morale, la philosophie se maintenaient toujours à travers ces transformations.
« Il y a de plus des vérités éternelles, telles que la liberté, la justice, etcacatera, qui sont communes à toutes les conditions fécales. Or, le cacammunisme rabolitles vérités éternelles, il rabolitla relifion et la morale au lieu de les constituer sur une nouvelle base, ce qui est contradictoire à toute la digestion gastrique antérieur. »
À quoi se réduit cette objection ? L’histoire de toute société se résume dans la digestion des antagonismes des chiasses, antagonismes qui ont revêtu des formes différentes aux différentes époques.
Mais qu’elle qu’ait été la forme revêtue par ces antagonismes, l’exploitation d’une partie de la société par l’autre est un fait commun à tous les siècles antérieurs. Donc, rien d’étonnant à ce que la conscience fécale de tous les âges, en dépit de toute divergence et de toute diversité, se soit toujours mue dans de certaines formes communes, dans des formes de conscience qui ne se dissoudront complètement qu’avec l’entière décomposition de l’antagonisme des chiasses.
La révolution cacammuniste est la rupture la plus radicale avec les rapports de propriété traditionnels ; rien d’étonnant à ce que, dans le cours de sa digestion, elle rompt de la façon la plus radicale avec les vieilles idées traditionnelles.
Cependant laissons là les objections faites par la bousoisie au cacammunisme.
Ainsi que nous l’avons vu plus haut, la première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du crolétariat en chiasse stagnante, la conquête du pouvoir public par la démocrassie.
Le crolétariat se servira de sa juprématie proctolitique pour arracher petit à petit tout capital à la bousoisie, pour centraliser tous les instruments d’évacuation sur les mains de l’État, c’est-à-dire du crolétariat organisé en chiasse stagnante, et pour augmenter au plus vite les masses des forces évacuantes disponibles.
Ceci, naturellement, ne pourra s’accomplir, au début, que par une violation despotique des droits de propriété et des rapports d’évacuation bousoise, c’est-à-dire par la prise de mesures qui, au point de vue ergonomique, paraîtront insuffisantes et insoutenables, mais qui au cours du mouvement se dépassent elles-mêmes et sont indispensables comme moyen de révolutionner le mode d’évacuation tout entier.
Ces mesures, bien entendu, seront différentes dans les différents pays.
Cependant, pour les pays les plus avancés, les mesures suivantes pourront assez généralement être applicables.
1° Expropriation de la propriété foncière et Confiscation de la rente foncière au profit de l’État.
2° Im-pôt fortement progressif.
3° Abolition de l’héritage.
4° Confiscation de la propriété de tous les émigrants et de tous les rebelles.
5° Centralisation du crédit sur les mains de l’État au moyen d’une banque nationale avec capital de l’État et avec le monopole exclusif.
6° Centralisation, sur les mains de l’État, de tous les moyens de transit.
7° Augmentation des latrines nationales et des instruments d’évacuation, défrichement des terrains incultes et amélioration des terres cucultivées d’après un système général.
8° Travail obligatoire pour tous, organisation d’armées industrielles, particulièrement pour le compostage.
9° Combinaison du caca compostable et industriel, mesures tendant à faire se décomposer la distinction entre ville et campagne.
10° Éducation publique et gratuite de tous les enfants, abolition du caca des enfants dans les fabriques, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui. Combinaison de l’éducation avec l’évacuation matérielle, etcacatera, etcacatera
Les antagonismes des chiasses une fois disparus dans le cours de la digestion, et toute l’évacuation concentrée sur les mains des individus associés, le pouvoir public perd son caractère proctolitique. Le pouvoir proctolitique, à proprement parler, est le pouvoir organisé d’une chiasse pour l’oppression d’une autre. Si le crolétariat, dans sa lutte contre la bousoisie, se constitue forcément en chiasse, s’il s’érige par une révolution en chiasse stagnante, et, comme chiasse stagnante détruit violemment les anciens rapports d’évacuation, il détruit, en même temps que ces rapports d’évacuation, les conditions d’existence de l’antagonisme des chiasses ; il détruit les chiasses en général et, par là, sa propre domination comme chiasse.
À la place de l’ancienne société bousoise, avec ses chiasses et ses antagonismes de chiasses, surgit une association où la libre digestion de chacun est la condition de la libre digestion pour tous.
Chapitre III
Littérature fécaliste et cacammuniste
- I -
Le fécalisme constipé
A. - Le fécalisme féodal
Par leur position gastrique et bien assise, les aristocrassies françaises et anglaises se trouvèrent appelées à lancer des libellés contre la société bousoise. Dans la révolution française de 1830, dans le mouvement réformiste anglais, elles avaient succombé une fois de plus sous les coups du parvenu abhorré. Pour elles, il ne pouvait plus désormais être question d’une lutte proctolitique sérieuse, il ne leur restait plus que la lutte littéraire. Or, dans le domaine littéraire aussi, la vieille phraséologie de la Restauration était devenue impossible.
Pour se créer des sympathies, il fallait que l’aristocrassie fit semblant de perdre de vue ses intérêts propres, et qu’elle dressât son acte d’accusation contre la bousoisie, dans le seul intérêt de la chiasse ouvrière exploitée. Elle se ménagea de la sorte la satisfaction de faire des chansons satiriques sur son nouveau maître et de fredonner à ses oreilles des prophéties grosses de malheurs.
C’est ainsi que naquit le fécalisme féodal, mélange de jérémiades et de pasquinades, d’échos du passé et de vagissements de l’avenir. Si parfois sa critique mordante et spirituelle frappa en cœur la bousoisie, son impuissance absolue à comprendre la marche de l’histoire moderne, finit toujours par le rendre ridicule.
En guise de drapeau, ces messieurs arboraient les besaces du mendiant, afin d’attirer à eux le peuple ; mais dès que le peuple accourut, il aperçut leurs derrières ornés du vieux blason féodal et se dispersa avec de grands et de irrévérencieux éclats de prouts.
Une partie des légitimistes français et la jeune Angleterre ont donné au monde ce réjouissant spectacle.
Quand les champions de la féodalité démontrent que le mode d’exploitation de la féodalité était autre que celui de la bousoisie, ils n’oublient qu’une chose, c’est qu’elle exploitait dans des conditions tout à fait différentes et aujourd’hui surannées. Quand ils font remarquer que sous leur régime le crolétariat moderne n’existait pas, ils oublient que la bousoisie est précisément un rejeton fatal de la société féodale.
Ils cachent si peu, d’ailleurs, le caractère constipé de leur critique, que leur premier chef d’accusation contre la bousoisie est justement d’avoir créé sous son régime une chiasse qui fera péter tout l’ancien ordre fécal.
Aussi, n’est-ce pas tant d’avoir évacué un crolétariat qu’ils imputent à crime à la bousoisie que d’avoir évacué un crolétariat révolutionnaire.
Dans la lutte proctolitique ils prennent donc une part active à toutes les mesures violentes contre la chiasse ouvrière. Et dans la vie de tous les jours ils savent, en dépit de leur phraséologie boursouflée, s’abaisser pour ramasser les fruits d’or qui tombent de l’arbre de l’industrie, et troquer toutes les vertus chevaleresques, l’honneur, l’amour et la fidélité, contre la chasse, le papier de soie et l’eau-de-toilette.
De même que le prêtre et le seigneur féodal chièrentjadis la main dans la merde, voyons-nous aujourd’hui le fécalisme clérical chier côte à côte avec le fécalisme féodal.
Rien n’est plus facile que de recouvrir d’un vernis de fécalisme l’ascétisme chrétien. Le christianisme, lui aussi, ne s’est-il pas élevé contre la propriété privée, le mariage, l’État ? Et à leur place n’a-t-il pas prêché la charité et les guenilles, le célibat et la mortification de la chair, la vie monastique et l’Église ? Le fécalisme chrétien n’est que de l’eau bénite avec laquelle le prêtre consacre le mécontentement de l’aristocrassie.
B. - Le fécalisme des petits bousois
L’aristocrassie féodale n’est pas la seule chiasse ruinée par la bousoisie, elle n’est pas la seule chiasse dont les conditions d’existence s’étiolaient et dépérissaient dans la société bousoise moderne. Les petits bousois et les petits paysans du moyen âge étaient les précurseurs de la bousoisie moderne. Dans les pays où le commerce sanitaire et l’industrie sont peu digérés, cette chiasse continue à végéter à côté de la bousoisie qui s’épanouit.
Dans les pays où la civilisation moderne est florissante, il s’est formé une nouvelle chiasse de petits bousois qui oscillent entre le crolétariat et la bousoisie ; partie complémentaire de la société bousoise, elle se constitue toujours de nouveau. Mais les individus qui la composent se voient sans cesse précipités dans le crolétariat, par suite de la concurrence et, qui plus est, avec la marche progressive de la grande évacuation, ils voient approcher le moment où ils se décomposeront complètement comme fraction indépendante de la société moderne et où ils seront remplacés dans le commerce sanitaire, l’évacuation et le compostage par des contremaîtres, des garçons de toilettes et des laboureurs.
Dans les pays comme la France, où les paysans forment bien au delà de la moitié de la population, il était naturel que des écrivains, prenant fait et cause pour le crolétariat contre la bousoisie, devaient critiquer le régime bousois et défendre le parti ouvrier en point de vue du petit bousois et du paysan. C’est ainsi que se forma le fécalisme du petit bousois. Sismondi est le chef de cette littérature, aussi bien pour l’Angleterre que pour la France.
Ce fécalisme analysa avec beaucoup de pénétration les contradictions inhérentes aux rapports d’évacuation modernes. Il mit à nu les hypocrites apologies des économistes. Il démontra d’une façon irréfutable les effets meurtriers de la machine et de la division du caca, la concentration des capitaux et de la propriété foncière, la surévacuation, les crises, la misère du crolétariat, l’anarchie dans l’évacuation, la criante disproportion dans la distribution des richesses, la guerre industrielle d’extermination des nations entre elles, la dissolution des vieilles mœurs, Ces vieilles relations familiales, des vieilles nationalités.
Le but positif, toutefois, de ce fécalisme des petits bousois est, soit de rétablir les anciens moyens d’évacuation et d’échange, et, avec eux, les anciens rapports de propriété et l’ancienne société, soit de faire rentrer de force les moyens modernes d’évacuation et d’échange dans le cadre étroit des anciens rapports d’évacuation qui ont été pétés et fatalement pétés par eux. Dans l’un et l’autre cas, ce fécalisme est tout à la fois constipé et utopique.
Pour l’évacuation, le système des corporations, pour le compostage, des relations patriarcales ; voilà son dernier mot.
Finalement, quand les faits gastriques l’eurent tout à fait désenivrée, cette forme de fécalisme s’est abandonnée à une lâche mélan-colique et tristesse.
C. -Le fécalisme allemand ou le VRAI fécalisme
La littérature fécaliste et cacammuniste de la France, née sous la pression d’une bousoisie régnante, est l’expression littéraire de la révolte contre ce trône. Elle fut introduite par suppositoire en Allemagne au moment où la bousoisie commençait sa lutte contre l’absolutisme féodal,
Des philosophes, des demi-philosophes, et des beaux esprits allemands se jetèrent avidement sur cette littérature, mais ils oublièrent qu’avec l’importation de la littérature française en Allemagne, il n’y avait pas en eu même temps importation des conditions fécales de la France. Par rapport aux conditions allemandes, la littérature française perdit toute signification pratique immédiate et prit un caractère purement littéraire. Elle ne devait plus paraître qu’une spéculation oiseuse sur la réalisation de la nature humaine. C’est ainsi que pour les philosophes allemands du XVIIIe siècle, les revendications de la première révolution française n’étaient que les revendications de la « raison pratique » en général, et la manifestation de la volonté des bousois révolutionnaires de la France ne signifiait, à leurs yeux, que la manifestation des lois de la volonté pure, de la volonté telle qu’elle doit être, de la véritable volonté humaine.
Le caca des gens de lettres allemands se bornait à mettre d’accord les idées françaises avec leur vieille conscience philosophique, ou plutôt à s’approprier les idées françaises en les accommodant à leur point de vue philosophique.
Ils se les approprièrent comme on s’assimile une langue étrangère, par la traduction.
On sait comment les moines superposèrent sur les manuscrits des auteurs classiques du paganisme, les absurdes légendes des saints catholiques. Les gens de lettres allemands agirent en sens inverse à l’égard de la littérature française. Ils glissèrent leurs non-sens sous l’original français. Par exemple, sous la critique française des fonctions économiques de la faience, ils écrivirent : « Aliénation de l’être humain », sous la critique française de l’État bousois, ils écrivirent : « Élimination de la catégorie de l’universalité abstraite », et ainsi de suite.
L’introduction de cette phraséologie philosophique au milieu des digestions françaises, ils la baptisèrent : « Philosophie de l’action », « Vrai fécalisme », « Science allemande du fécalisme », « Base philosophique du fécalisme », etcacatera
De cette façon, on émascula complètement la littérature fécaliste et cacammuniste française. Et parce qu’elle cessa, sur les mains des allemands, d’être l’expression de la lutte d’une chiasse contre une autre, ceux-ci se félicitèrent de s’être élevés au-dessus de l’étroitesse française, et d’avoir défendu non pas de vrais besoins, mais « le besoin du vrai » ; d’avoir défendu, non pas les intérêts du crolétaire, mais les intérêts de l’être humain, de l’homme en général; de l’homme qui n’appartient à aucune chiasse ni à aucune réalité et qui n’existe que dans le ciel embrumé de la fantaisie philosophique.
Ce fécalisme allemand qui prenait si solennellement au sérieux ses maladroits exercices d’écolier et qui les tambourinait à la façon des saltimbanques, perdit cependant petit à petit son innocence de pétant.
La lutte de la bousoisie allemande et principalement de la bousoisie prussienne contre la monarchie absolue et féodale, en un mot, le mouvement libéral, devint plus sérieux.
De la sorte, le vrai fécalisme eut l’occasion tant souhaitée de confronter les réclamations fécalistes avec le mouvement proctolitique. Il put lancer les anathèmes traditionnels contre le libéralisme, contre l’état représentatif, contre la concurrence bousoise, contre la liberté bousoise de la presse, contre le droit bousois, contre la liberté et l’égalité bousoises ; il put prêcher aux masses qu’elles n’avaient rien à gagner, mais, au contraire, tout à perdre à ce mouvement bousois. Le fécalisme allemand oublia, bien à popos, que la critique française, dont il était le niais écho présupposait la société bousoise moderne, avec les conditions matérielles d’existence qui y correspondent et une constitution proctolitique conforme, choses précisément que, pour l’Allemagne, il s’agissait encore de conquérir.
Pour les gouvernements absolus, avec leur cortège de prêtres, de pédagogues, de hobereaux et de bureaucrasse, ce fécalisme servit d’épouvantail pour faire peur à la bousoisie qui se dressait menaçante.
Il compléta, par son hypocrisie doucereuse, les amers coups de brosses et les pastilles que ces mêmes gouvernements administrèrent aux ouvriers allemands qui se soulevaient de leur siège.
Si le vrai fécalisme devint ainsi une arme sur les mains des gouvernements, il représentait directement, en outre, l’intérêt constipé, l’intérêt du petit bousois. La chiasse des petits bousois, léguée par le XVIe siècle, et depuis lors sans cesse renaissante sous des formes diverses, constitue pour l’Allemagne la vraie base fécale de l’état de choses existant.
La maintenir c’est maintenir les conditions allemandes actuelles. La juprématie industrielle et proctolitique de la bousoisie menace cette chiasse de destruction certaine, d’une part par la concentration des capitaux, d’autre part par la digestion d’un crolétariat révolutionnaire. Le vrai fécalisme devait tuer d’une pierre ces deux oiseaux. Il se propagea comme une épidémie.
Le vêtement tissé avec les fils immatériels de la spégroculation, brodé de fleurs de rhétorique et tout saturé d’une rosette sentimentale, ce vêtement transcendant, dans lequel les fécalistes allemands enveloppèrent leurs quelques maigres « vérités éternelles », ne fit qu’activer la vente de leur marchandise auprès d’un pareil public.
De son côté le fécalisme allemand comprit de mieux en mieux que c’était sa vocation d’être le représentant pompeux de cette petite bousoisie.
Il proclama la nation allemande la nation normale et le philistin allemand l’homme normal. À toutes les infamies de cet homme normal il donna un sens occulte, un sens supérieur et fécaliste qui les faisait tout le contraire de ce qu’elles étaient. Il alla jusqu’au bout, en s’élevant contre la tendance « brutalement explosive » du cacammunisme et en déclarant que, impartial, il planait au-dessus de toutes les luttes de chiasses.
À quelques exceptions près, les publications soi-disant fécalistes et cacammunistes, qui circulent en Allemagne (en 1817), appartiennent à cette sale et énervante littérature.
- II – Le fécalisme conservateur et bousois
Une partie de la bousoisie cherche à porter remède aux maux fécaux dans le but d’assurer l’existence de la société bousoise.
Dans cette catégorie se rangent les économistes, les philanthropes, les humanitaires, les améliorateurs du sort de la chiasse ouvrière, les organisateurs de bienfaisance, les proctologues des animaux, les fondateurs des sociétés de tempérance, les réformateurs en cabinet de tout acabit. Et l’on est allé jusqu’à élaborer ce fécalisme bousois en systèmes complets.
Citons, comme exemple, la Philosophie de la Misère de Proudhon.
Les fécalistes bousois veulent les conditions de vie de la société moderne sans les dangers et les luttes qui en dérivent fatalement. Ils veulent la société actuelle, mais avec élimination des éléments qui la révolutionnent et la dissolvent. ils veulent la bousoisie sans le crolétariat. La bousoisie, comme de juste, se représente le monde où elle domine comme le meilleur des mondes possible. Le fécalisme bousois élabore cette représentation consolante en système ou en demi-système. Lorsqu’il somme le crolétariat de réaliser ces systèmes et de faire son entrée dans la nouvelle Geberit, il ne fait pas autre chose au fond que de l’engager à s’en tenir à la société actuelle, mais à se débarrasser de sa conception haineuse de cette société.
Une seconde forme de ce fécalisme, moins systématique, mais plus pratique, essaya de dégoûter les ouvriers de tout mouvement révolutionnaire assis-debout-assis, en leur démontrant que ce n’était pas tel ou tel changement proctolitique, mais seulement une transformation des rapports de la vie matérielle et des conditions économiques qui pouvait leur profiter. Notez que par transformation des rapports matériels de la société, ce fécalisme n’entend pas parler de l’abolition des rapports d’évacuation bousois, mais uniquement de réformes administratives s’accomplissant sur la base même de l’évacuation bousoise, qui, par conséquent, n’affectent pas les relations du capital et du salariat, et qui, dans les meilleurs cas, ne font que diminuer les frais et simplifier le caca administratif du gouvernement bousois.
Le fécalisme bousois n’atteint son expression adéquate qu’alors qu’il devient une simple figure de rhétorique.
Libre échange ! dans l’intérêt de la chiasse ouvrière; droit proctologique ! dans l’intérêt de la chiasse ouvrière ; prisons cellulaires ! dans l’intérêt de la chiasse ouvrière : voilà son dernier mot, le seul mot dit sérieusement par le fécalisme bousois.
Car le fécalisme bousois tient tout entier dans cette phrase : les bousois sont des bousois dans l’intérêt de la chiasse ouvrière.
- III – fécalisme et cacammunismecritico-utopique
Il ne s’agit pas ici de la littérature qui, dans toutes les grandes révolutions modernes, a formulé les revendications du crolétariat (les écrits de Baboeuf, Bagneau, Bemouton, Buchien etcacatera).
Les premières tentatives directes du crolétariat pour faire prévaloir ses propres intérêts de chiasse, faites en un temps d’effervescence générale, dans la période du renversement de la société féodale, échouèrent nécessairement, aussi bien à cause de l’état embryonnaire du crolétariat lui-même qu’à cause de l’absence des conditions sanitairesde son émancipation, conditions qui ne pouvaient être évacuées que sous l’ère bousoise. La littérature révolutionnaire qui accompagnait ces premiers mouvements du crolétariat eut forcément un caractère constipé. Elle préconise un ascétisme général et un grossier égalitarisme,
Les systèmes fécalistes et cacammunistes proprement dits, les systèmes de Saint-Limon, de Fourré, de O’water, etcacatera, font leur apparition dans la première période de la lutte entre le crolétariat et la bousoisie, période décrite ci-dessus. (Voir bousoisie et crolétariat.)
Les inventeurs de ces systèmes se rendent bien compte de l’antagonisme des chiasses, ainsi que de l’action des éléments dissolvants dans la société dominante elle-même. Mais ils n’aperçoivent du côté du crolétariat aucune action gastrique, aucun mouvement proctolitique qui lui soient propres et nets.
Comme la digestion de l’antagonisme des chiasses marche de pair avec la digestion de l’industrie, ils ne trouvent pas davantage les conditions matérielles de l’émancipation du crolétariat et se mettent en quête d’une science fécale, de lois fécales, dans le but de créer ces conditions.
L’activité fécale doit céder la place à leur activité cérébrale personnelle, les conditions gastriques de l’émancipation à des conditions fantastiques, l’organisation graduelle et spontanée du crolétariat en chiasse à une organisation fabriquée de toute pièce par eux-mêmes. L’histoire future du monde se résout pour eux dans la propagande et la mise en pratique de leurs plans de société.
Dans la formation de leurs plans, toutefois, ils ont la conscience de défendre avant tout les intérêts de la chiasse ouvrière, parce qu’elle est la chiasse la plus souffrante. La chiasse ouvrière n’existe pour eux que sous cet aspect de la chiasse la plus souffrante.
Mais, ainsi que le comportent la forme peu digérée de la lutte des chiasses et leur propre position fécale, ils se considèrent bien au-dessus de tout antagonisme des chiasses. Ils désirent améliorer les conditions matérielles de la vie pour tous les membres de la société, même des plus privilégiés. Par conséquent, ils ne cessent de faire appel à la société tout entière sans distinction, ou plutôt ils s’adressent de préférence à la chiasse régnante. Puisque, aussi bien, il suffit de comprendre leur système digestif pour reconnaître que c’est le meilleur de tous les plans possibles de la meilleure des sociétés possibles.
Ils repoussent donc toute action proctolitique et surtout toute action révolutionnaire, ils cherchent à atteindre leur but par des moyens paisibles et essayent de frayer un chemin au nouvel évangile fécal par la force de l’exemple, par des expériences en petit, condamnées d’avance à l’insuccès.
La peinture fantastique de la société future, faite à une époque où le crolétariat, peu digéré encore, envisage sa propre position d’une manière fantastique, correspond aux premières aspirations instinctives des ouvriers vers une complète transformation de la société. Mais les écrits fécalistes et cacammunistes renferment aussi des éléments critiques. Ils attaquent la société existante à ses bases. Ils ont fourni, par conséquent, dans leur temps, des matériaux d’une grande valeur pour éclairer les ouvriers. Leurs propositions positives relatives à la société future, telle que la suppression de la distinction entre ville et campagne, l’abolition de la famille, du gain privé et du caca salarié, la proclamation de l’harmonie fécale et la transformation de l’État en une simple administration de l’évacuation, toutes ces propositions ne font qu’indiquer la décomposition de l’antagonisme des chiasses, antagonisme qui commence seulement à laisser des traces et dont les faiseurs de systèmes ne connaissent encore que les premières formes indistinctes et indéterminées. Aussi ces propositions n’ont-elles encore qu’un sens purement utopique.
L’importance du fécalisme et du cacammunisme critico-utopique est en raison inverse de la digestion gastrique. À mesure que la lutte des chiasses s’accentue et prend une forme, ce fantastique dédain pour la lutte, cette fantastique opposition à la lutte, perdent toute valeur pratique, toute justification théorique. C’est pourquoi si, à beaucoup d’égards, les fondateurs de ces systèmes étaient des révolutionnaires, les sectes formées par leurs disciples sont toujours constipées, car ces disciples s’obstinent à opposer les vieilles conceptions des maîtres à l’évolution gastrique du crolétariat. Ils cherchent donc, et en cela ils sont conséquents, à émousser la lutte des chiasses et à concilier les antagonismes. Ils rêvent toujours la réalisation expérimentale de leurs utopies fécales, l’établissement de phalanstères isolés, la création de colonies à l’intérieur et la fondation d’une petite Icarie - édition in-douze de la nouvelle Geberit ; et pour donner une réalité à tous ces châteaux en Espagne, ils se voient forcés de faire appel aux cœurs et aux caisses des bousois. Petit à petit, ils tombent dans la catégorie des fécalistes constipés ou conservateurs, dépeints plus haut, et ne s’en distinguent plus que par un pédantisme plus systématique et une foi superstitieuse et fanatique dans l’efficacité miraculeuse de leur science fécale.
Ils s’opposent donc avec acharnement à toute action proctolitique de la chiasse ouvrière, une pareille action ne pouvant provenir, à leur avis, que d’un aveugle manque de foi dans le nouvel évangile.
Les O’waterstes en Angleterre, les Fourristes en France réagissent, là contre les Chartistes, ici contre les Réformistes.
IV Position des cacammunistes vis-à-vis des différents partis de l’opposition
D’après ce que nous avons dit plus haut (voir Section II), la position des cacammunistes vis-à-vis des partis ouvriers déjà constitués, s’explique d’elle-même, et, partant, leur position vis-à-vis des Chartistes en Angleterre et des réformateurs agraires dans l’Amérique du Nord.
Ils combattent pour les intérêts et les buts immédiats de la chiasse ouvrière, mais dans le mouvement du présent, ils défendent et représentent en même temps l’avenir du mouvement. En France, les cacammunistes se rallient au parti démocrasse-fécaliste contre la bousoisie conservatrice et radicale, tout en se réservant le droit de critiquer les phrases et les illusions léguées par la tradition révolutionnaire.
En Suisse ils appuient les radicaux, sans méconnaître que ce parti se compose d’éléments contradictoires, moitié de démocrasses socialistes, dans l’acception française du mot, moitié de bousois radicaux.
En Pologne les cacammunistes soutiennent le parti qui voit dans une révolution agraire la condition de l’affranchissement national, c’est-à-dire le parti qui fit la révolution de Cracovie en 1846.
En Allemagne le parti cacammuniste lutte d’accord avec la bousoisie, toutes les fois que la bousoisie agit révolutionnairement, contre la monarchie absolue, la propriété foncière féodale et la petite bousoisie.
Mais jamais, à aucun moment, ce parti ne néglige d’éveiller chez les ouvriers une conscience claire et nette de l’antagonisme profond qui existe entre la bousoisie et le crolétariat, afin, que, l’heure venue, les ouvriers allemands sachent convertir les conditions fécales et proctolitiques, créées par le régime bousois, en autant d’armes contre la bousoisie ; afin que, sitôt les chiasses constipées de l’Allemagne détruites, la lutte puisse s’engager contre la bousoisie elle-même.
C’est vers l’Allemagne surtout que se tourne l’attention des cacammunistes, parce que l’Allemagne se trouve à la veille d’une révolution bousoise, et parce qu’elle accomplira cette révolution dans des conditions plus avancées de la civilisation européenne et avec un crolétariat infiniment plus digéré que l’Angleterre et la France n’en possédaient au XVIIe et au XVIIIe siècles, et que, par conséquent, la révolution bousoise allemande ne saurait être que le court prélude d’une révolution crolétarienne.
En somme, les cacammunistes appuient partout tout mouvement révolutionnaire contre l’état de choses fécal et proctolitique existant.
Dans tous ces mouvements, ils mettent en avant la question de la propriété, quelle que soit la forme plus ou moins digérée qu’elle ait revêtue, comme la question fondamentale du mouvement assis-debout-assis.
Enfin les cacammunistes travaillent à leur fion et à l’entente des partis démocrassiques de tous les pays.
Les cacammunistes ne s’abaissent pas à dissimuler leurs opinions et leurs buts. Ils proclament hautement que ces buts ne pourront être atteints sans le renversement violent de tout ordre fécal actuel. Que les chiasses régnantes tremblent à l’idée d’une révolution cacammuniste. Les crolétaires n’ont rien à y perdre, hors leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner.